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Fortunez. Entreprise III


puis que vous me deſirez, ie ſeray à vous : Rien ne m’en empeſche, & de fait, puis que vous le voulez, ie me donne à vous : Mais tout ainſi que vous m’auez dit voſtre ſecret, auſſi eſt-il raiſon nable que vous ſçachiez le mien, & ie vous di ray que s’iladuient que quand vous le ſçaurez, — vous me reiettiez trop †, ſi ne vous abandôneray-ieiamais, la ſeule mort nous ſeparera ſi elle peut. Ceſte amiante l’oyant par ler de telle ſorte ſentoit en ſon cœur vn § de plaiſirs, & ne ſcauoit’comment ſouſpirer, tant le contentement l’emportoit, & Arlecn faiſant vn ſouſpir, tiré du profond habitacle de ſa vie, luy dit, Ma belle Demoiſelle, quand ie ſeray à vous comme ie le ſuis, quel vous en ſe rale bien ? Helas mon ſecret eſt la difficulté que ie trouue en cecy, c’eſt ce qui fait qu’eſtant du tout à vous, n’eſtant à perſonne, n’ayant plus d’obligation à viuant, iene puisvous eſtre ce que poſſible vous deſirez. CLARIosE. Quoy : m’o— ſtez-vous deſia ce que vous m’auez donné ? & que ie receuois tantoſt auec toute lieſſe de cœur ? ARL. Non, carie ſeray touſiours à vous, s’il vous plaiſt. Mais ce qui m’afflige à ceſte heure eſt, que nature n’a pas voulu que ie fuſſe ce queie parois eſtre. Mademoiſelle, mon infortune eſt cauſe qu’il faut que ie mente : Ie m’eſtonne que vous qui auez des yeux, n’auez deſcouuert mon menſonge. CLARIosE. Ces difficultez tant bien recherchees me mettent en peine, ie vous prie m’oſter de l’inquietude où elles me tiennent. Adoncques, apres pluſieurs douces & recipro ques proteſtations d’amitié & de ſecret, Arleone


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