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Le uoyage des Princes

Uous ſerez en mes vœux tant ſaintement ſeruie,
Que vou ferez eſtat de ma fidelité.
Vous eſtes mon Soleil, il faut que ie m’addreſſe
Aux biēheureux ſentiers ou vo° m’eſclairerez,
Et vous recognoiſſant fauorable Maiſtreſſe,
Humble i’obeirai, car vous commanderez.
Ainſi mille ſuiets naiſtront dedans mon ame,
On verra tout nouueau dans mes conceptions,
Et gouuerné par l’œil d’vne ſi belle Dame,
On me verra brauer en mes inuentions.

Il y a touſiours des eſprits qui ſe troublent pour l’excellence des autres, ce qui ſe void & † maintenant en cecy, carencores que a perfection d’amour & de gentilleſſe d’eſprit y reluyſe : toutesfois la malignité naturelle non bien eſteinte és cœurs de quelques nouueaux venus, & non encores bien inſtruicts és ma ximes & loix vertueuſes de l’Hermitage, cau ſa que certaines Dames & autres en ceſte aſ ſemblee, au lieu de gratifier ceſt amant, & pri ſer ſa dexterité & promptitude, ſe mirent à en traicter vne petite enuie, diſans enſemble, qu’il auoit bien premedité ces couplets. Vo ſolint † les entendit ſe retourna, & comme en choiere dit au troublé où ſon cœur eſtoit : Si les leuresqui proferent ceſte malignité eſtoiët de perſonnes qui fiſſent profeſſion de l’honneur que l’on debat par l’eſpee, ie taſcherois d’obte nir preſentement de ce iuſte Empereur congé de faire voir que lesarmes me ſont autant, voi re plus familiaires que le diſcours qui m’eſt ſi doucement infuſé par la beauté que i’honore, qu’encores que ie ne ſois point payé pour dire,