Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/637

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
594
Le uoyage des Princes


autre qu’à vous, qui eſtes l’eternelle lumiere de mavie. F L o R 1 D E. Mon vnique, ie ne vous.priuerayiamais du contentement que ie deſire pour moy-meſme, tous ces beaux diſcours ne söt point la liaiſon de noſtreamitié, il faut qu’v— ne belle perſeuerance nous vniſſe, & s’il n’y a que moy à rompre ce beau lien qui nous enlace ſi doucement, il faut que vous ſoyez aſſeuré que iamais il n’en viendra faute, ie veux que vous le croyez. Et bien que ces iours paſſez i’aye eu quelque froideur contre vous, ce n’a pas eſté our eſteindre les flames de noſtre amour, vous § ſçauez bien, ce n’eſtoit qu’vne goutelette d’eau pour les eſmouuoir & viuifier : & puis pour vous teſmoigner que ie deſirois qu’il n’y euſt entre nous que perfection de bonne volon té, & que vous † lire en mon ame, ie def fis expres la glace de mon miroir, & comme ſi c’euſt eſté par fortune que cela fuſt auenu, ie vous baillé le Miroir & vous prié de le faire ra—. coutrer. V o s o L I N T. Ce me fut vn traict fort fauorable, car i’aucis eu grand ennuy de ceſte ſimilitude de diſgrace, dont pourtantie n’auois pas peur, d’autant que i’auois le cœur innocent, ſçachant n’auoir point faict de faute, i’en eu toutesfois vn ſi grand deſplaiſir, quei’eſtois ſur le poinct d’entrer en deſeſpoir, cholere d’eſtre puni ſans auoir mesfaict, & vous qui auez du iugementy prouueuſtes par ce bel artifice, me mettant en main voſtre miroir pour le racou trer, & par meſme moyen de conſoler mon ame, alors ie vous rendis ceſte offrande auec voſtre mitoir.