Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/654

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
611
Fortunez. Entreprise III


pluſieurs diſcours fut aiſément conclu que c’eſtoit le Prince qui eſtoit mort. Le Roy en fut aduerty, fit ſigne d’en eſtre content, & toutes fois il vouloit que iuſtice ſut faicte, & partant qu’enqueſte ſe fiſt partout, celà aduenu, le Roy fit tenir ſes Eſtats, & cōſtitua Frulouſe ſon Lieu tenant general, & luy donna le gouuernemēt de ſon fils aiſné. Le Geant ſe voyant en telle dignité, ſceut tant amadouër & flatter le Prince, qu’il le rendit du tout à ſa deuotion, tellement qu’ils n’eſtoient qu’vn cœur. Vfonis ayant ſceu ce qui ſe paſſoit comme on le contoit, en prit ſi grand ennuy, que de triſteſſe elle ſe relegua auec des filles deuotes, où elle paſſoit ſa detreſſe. Pyrinte fuſt volontiers allé en Gaucontaine, mais il n’y pouuoit paſſer ſans eſtre deſcouuert, par quoy il ſe retira és pays où regnoit le bon Triuoli ſon couſin, auquel eſtant paruenu en habit diſſimulé, il fut receu fort humainement, eſtant là, il raconta ſes fortunes & les menees de Frulouse. Trivoli qui auoit chaſſé de ſes terres & Seigneuries le Geant & les Hyſpoſtes, pour les affrons qu’ils luy auoient faicts, cōſola le Prince, & luy promit tout ayde & confort. Quelques iours apres vindrent nouuelles, que le puiſné de Leci auoit eſté tué en vne foreſt, Pyrinte ſit le diſcours de ce qu’il auoit faict, parquoy ſuiuant ceſte nouuelle, ne voulant eſtre cogneu encores, il prit conſeil auec ſon couſin, & ſe fit continuer le nom de Brilland, qu’il auoit pris entrant en ſes pays. Cependant Frulouſe ſe ſeruant de ce qui ſe preſentoit, incita Turanes fils aiſné de Leci à ſe faire valoir, & pour