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Fortunez. Entreprise III


apparente, qu’cl e fut eſtimee† entre les Dames d’Amour loyal & chaſte : sö ſeruiteur qui trauailloitinceſſarnmét à luifaire demonſtratiö de la verité de ſon cœur, ſurmontoit toutesaffli ctions, incommoditez & faſcheries, que ſes pa rens & ceux de labelle lui dreſſoyent pour rôpre le coup à la fortune qu’ilspretédoyët acheuer : Et firenttant ces Amans, & ſi bien qu’à la fin ayans gaigné le cœur de ceux quiles empeſchoyent, ils obtindrét le fruit deſiré apres tät de peines : heu reuſe couple ſ’il fut auenu que vous fuſſiés par tis du monde enſemble ! vn peu apres leurs nop ces, ce gentilhömefut ſaiſi d’vne faſcheuſe ma ladie quicötinua en telle lögueur, qu’elle deuint li maligne, que les medecins deſeſperäs de ſa ſan té, lui conſeillerent pour dernier côfort lesbains, & eaux medecinales, à quoy ſ’eſtant reſolu, il ſe fit porter où le remede eſtoit, durant tout ce téps ſa § angoiſſee ne l’abandonnoit point, ains cöme ſuportât ſon mal, ſouffroit auecluy le ſol licität nuict &iour fort ſoigneuſemêt.Quelques fois il lui diſoit, mé cœur ie te prie de te repoſer vn peu, & dönertréue à tes peines.Elle lui reſpö doit, ma vieiete ſupplie, ne m’éparle point, car ſi ie me reculois de toy, & que mes yeux ne fuſsët collez ſur toy, i’aurois trop de tourmét : ce que tu péſe peine en mes actiös, m’eſt vn ſouuerain bië, pource que ie te fay ſeruice.Telles & de sëblable ſujet eſtoyent leurs mutuelles paroles, quädl’oc caſion ſ’y addonnoit : En ce voyage ( cöme touſ iours)elle eſtoit inceſſammët pres de ſa perſon ne ſansl’abandöner, y apportât vn ſoin merueil leux.Apresque ce pauuregentilhôme eut fait ce