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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/675

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Le uoyage des Princes

La vie & l’eſpoir s’entretienent,
Et l’vn par l’autre ſe maintienent
L’vn periſſant l’autre n’eſt riens :
Auſſi tout ce qui eſt en vie
Au verd a ſon eſſence vnie,
Comme au bon ſigne de ſon bien.
Ainſi ceſte couleur plaiſante
Qui l’eſperance nous preſente,
Et qui nous l’a fait conceuoir
Sera ſans ceſſe en ma memoire,
Sera touſiours viure en eſpoir.

Ce chant acheué les deux Amans ſe preſenterent, & la ſage Mataliree dit à ſon pourſuiuant, Que vous ſert-il d’eſperer, ſi vous n’auez vn ſujet pour arreſter voſtre efperance ? Gelase. Pourquoy faignez vous ignorer ce que vous ſcauez bien, & faites ſemblant de ne cognoiſtre pas que i’ay arreſté mon eſperance en vous ? & que ie croy que ie ne ſeray point confus ? Matalirbe. Comment mettriez vous voſtre eſperance en moy, veu que ie ne ſuis point voſtre, & que poſſible i’ay vn autre ſeruiteur accepté. Ie ſcaybié & ie dis ſans preſomption, car il eſt vray, que ie ſuis recherchee d’infinis de toutes qualitez, qui tous croyent qu’ils receuront de moy vn abiſme de cōmoditez, & vous ſcauez bien auſſi, que le nombre de ceux qui me deſirent, eſt treſ-grand, & s’il ya bien plus, c’eſt que beaucoup ſe vantent de mes bonnes graces, & que ie leur ſuis propice, & ils ne me cognoiſſent pas, qui font eſtat de me voir & ne ſauent où ie ſuis, qui me tienent pour leur Dame recognue, & ſuiet vnique de leurs amours, & ils ne me veirent