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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/68

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fortunez. Entreprise I.


reſte d’ē diſpoſer ſelō ſa ſageſſe & bō plaiſir. Le bō Roy cōtēt au poſſible de ce chāgemēt & volōté ſuruenuë, qui luy eſtoit tāt agreable. auſſitoſt enuoya querir le Gētilhōme pere de Feriſtee, auquel il fit entēdre ſon vouloir, le priāt, nō cōme ſuiet, ains en Seigneur, dōt il deſiroit l’aliāce, d’auoir agreable le mariage du Prince ſon fils, & de ſa fille. Le ſage Gentilhōme ne pouuant ny deuāt s’excuſer, ou refuſer, ou remettre la partie, dōna en tres-hūble ſuiet la carte blanche à ſon Roy, pour y deſigner ce qu’il luy plairoit tellemët que le mariage fut cōclud & la belle mādee, vint en Court, où ſa mere l’amena. Eſtāt parmy les Dames, il ne fallut point de iuge particulier en beauté pour la remarquer entre les autres, il ne falloit que les yeux pour la diſcerner, ne plus ne moins qu’on remarque vne fleur entre les herbes d’vn pré, qui n’ōt riē que ce qui eſt cōmun. Les accords eſtās faits on cōmēça les iours de ceremonie auec grāde ſolénité. Le vieil Roy ſentit ſon cœur raſſâſié de tant de lieſſe, que ſon ame s’ē exhala ſoulee de cōtentemēt terreſtre : Ceſte diſgrace occaſiōna du dueil à la Court : mais il fut biē toſt paſſé par l’effort de la ioye que dōna le couronnemēt de Roſolphe. Les obſeques de Se lion eſtāt acheuees, le Roy voulut entendre à ſon mariage qui fut celebré en toute magnificēce. La Nobleſſe y aſſiſta en feſtes, iouſtes, tournois, cōbats feints, & tous plaiſirs de grands, Quand ce fut au ſoir, & qu’on parla de coucher la future Royne, elle ſe vint preſenter au Roy luy demandant vh don, qu’elle luy ſuplioit humblement ne luy refuſer, ains à l’antique facon de leurs anceſtres, luy accorder. Le Roy la voyant en ceſte gra-


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