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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/69

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Le uoyage des Princes


cece & diſpoſition, luy dit, Demandez, & elle, Sire encore que ie ſois voſtre treſ-hūble ſuiette & ſeruante, & qu’il vous a pleu par vne ſpeciale faueur me choiſir pour eſtre voſtre hūble femme, ſi eſt-ce qu’eſtant pres du rang que ie doy tenir, ie ſens mon cœur s’eſleuer, nō pour eſtre glorieuſe Princeſſe, ains digne compaigne d’vn grand Roy, & par ainſi ſortir de mes premiers limites pour entrer en autres plus excellens, & eſquels il conuient auoir vn cœur Royal partant afin que ie ſois telle qu’il eſt ſeant, ie vous requiers d’vn don pour le prix de ma virginité, & pour me releuer à bō droit le courage. Le Roy. Ie remets à la raiſon tout ce que vous auez de pretentions, vous priant auſſi d’auoir eſgard à ce que ie puis & dois, ſans adiouſter voſtre merite. Feris. Si i’ay eu du merite par le paſſé, il n’eſtoit pas de telle qualité que celuy auquel vous me ferez paruenir. Le Roy. Parlez donc. Feristee, Ie ne mettray point en auant ce que les filles peuuent propoſer pour le guerdon de leur prudence, Ie ne vous preſente que celle qui ſera l’autre vous-meſmes lors qu’il vous plaira, & en ceſte qualité pleine d’amour & de grandeur, ie vous demande ce don, c’eſt qu’en voſtre monnoye mon nom & ma figure ſoyent grauez auec les voſtres. Le Roy. Ie ne pouuois pēſer que ceſte enuie fuſt en voſtre courage, auſſi m’eſtonnant de voſtre requeſte qui passe outre le terme de requiſition, ie n’eſtimois pas que me demādaſſiez ce que iamais Dame n’a preſumé d’auoir en ces pays, où les ſceptres ne tombent point en quenoüille : partant ie vous prie de changer les termes du don, d’autant que celà ne ſe peut