Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/703

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
660
Le uoyage des Princes


leurs grandes occupations les diuertiſſoient, & encor ſur tout l’affaire qu’ils auoient entrepriſe pour le bien des peuples qu’ils gouuernent, durant laquelle ils ne pourroient aſſiſter particulierement à ce faict qu’ils luy commettoient. Et de faict ils n’eurent pas pluſtoſt reſiné ce deuoir à Arulante qu’ils partirent pour aller à leur grand voyage, qui dure vne reuolution entiere moins quelques minutes, & ils deſiroiēt que durāt leur occupation ce mariage fuſt accomply, de peur de retardement, durant lequel leurs enfans euſſent trop paſſé de ceſte belle fleur dont naiſſent les amours. Arulante ayant tout pouuoir, manda l’vn & l’autre de ces beaux enfans, qui venus chez la bonne mere, receurent le mutuel contentement que deſirent les courages aymans, participans aux reciproques delices qu’ils ſ’entre-communiquoient par leur preſence tant deſiree. Ces Amans heureux en leur rencontre, & ſouhaittans le bien parfaict qui eſt d’eſtre legitimement vnis, n’attendoient pour leur entiere felicité que le iour ordonné par la ſage Dame & leurs amis, afin de celebrer la ceremonie de leurs nopces : Ce qu’attendans ils viuoient auec la modeſtie & le reſpect que le chaſte amour engendre és cœurs d’honneur. Les fiançailles de ces deux belles perſonnes ayans eſté faictes auec l’ordonnance & magnificence accouſtumee, le bruit courut par tout de leur exquiſe beauté, perfection & apparence, que l’on diuulgoit comme vn nouueau miracle. En ce temps-là vſurpoit le Royaume la Tyranne Garonince, qui rude, forte, orgueilleuſe, & puiſſante Amaſone,