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Fortunez. Entreprise III


auoit ſa copie. Adonc l’ambaſſadeur diſt à Gi feol : Faictes moy voir ce que i’auray perdu de veuë, & ce ſans † de diſpoſition.Alors · Gifeol priſt vn eſcabeau, ſur lequel il poſa vn petit baſſin d’or, aſſez creux, ilauoit ſept pouces · de diametre, & le bord en auoit deux de haut, &, dans iceluy il miſt vne piece dargent monnoyé, · & tenant le tout vis à vis de Lidoce, luy demä da ſ’il voyoit la piece d’argent, ayant reſpondu qu’il la voyoit, Gifcol retira à ſoy l’eſcabeau tant que l’ambaſſadeur euſt perdu de veuë ceſt obiect d’argent, & luy diſt qu’il luy feroit voir ſans qu’il touchaſt aucunement à l’eſcabeau ny au bafſin, ny à la piece, accompliſſant en tout · les conditions de la propoſition. L’ambaſſadeur ne pouuoit voir la piece d’argent, car le bord du baſſin l’empeſchoit, alors Gifeol priſt vn vaſe · d’agate plein d’eauë & la verſa dans le baſſin, & adonques par les reflections que l’eauë cauſoit, l’ambaſſadeur vidla piece ſans changement de diſpoſition. L’A M B Ass A D E v R † moy en vn meſme temps trois ou pluſieurs re preſentations d’vn meſme obiect, par vn meſ me organe : Gifeol fiſt apporter le grand miroir de la Royne lequel eſtoit de criſtal eſpois & : beau, ayant la couche aſſez eſpoiſſe, l’ayant il le poſa perpendiculairement vis à vis de l’ambaſſa : deur & ayant pris vn flambeau allumé fiſtfer · mer les feneſtres, &poſa ce flambeau ſur la table de ſorte que l’Ambaſſadeur pouuoit en voir la · repreſentation dans le miroir, & ayſement y diſcerner comme trois flambeaux, ſans quel-