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Fortunez. Entreprise III


ſant ce lieu de Côſeiller, venez icy aurägde ceux qui ſont en cauſe, le ieune Prince rougit pour la douceur de l’emotion où il entroit, à cauſe de la presëce de ſa Royne, qui entrăteſclatoit en ceſte audience cöme vn beau Soleil.Le Prince ſe leuät fit la reueréce à l’Empereur, & ſe veint mettre au rang de ceux qui attëdentiugement. En meſme tëps, on vid paſſer la Belle eſtrangere qui futre cognue, & meſme de pluſieurs de ſes ſujets, qui eſtoyent venus à l’Anniuerſaire. C’eſtoit la belle Royne de Sobare, qui dönant vn petit clein d’œil à Viuarâbe lui alla querir l’ame iufques au fons du cœur, & le prenant par la main, le fit auancer deuātl’Empereur : pour le reſpect deu à ceſte grä de Royne, on la fit ſeoir en vne chaire royale qui luy eſtoit preparee, puis elle parla ainſi. Sire, le ſiege que vous tenez, & la iuſtice que ie vous de mande m’a fait laiſſer ma Souueraineté hors cét enclos, à ce que deſpoüillée de toute grandeur, fors de courage, ie vous demande raiſon d’vn tort que m’a fait ce Prince, qui cóme moy, pour l’intereſt d’amour, eſt ſouſmis à ceſteiuriſdictiö. Ilya certain temps que Viuarambe venant chez moy, fut receu humainement, tant de moy que de tous ceux de ma court, eſtant fort agreable aux Princes, Seigneurs, gétilshommes & autres. Eſtantainſi bien voulu, il ſceut tellement vſer de ſon bel artifice, & ſe preualoir de ſes agreables induſtries, auec leſquellesil practiqua mô eſprit curieux, & errât qu’ill’engagea à l’aymer, ie m’é trouué fort ſurpriſe : carie ne ſcauois encor quel le eſmotion eſtoit celle, quitant audacieuſement ſ’emparoit de latrâquillité de mö cœur.Or pour


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