de vous ie craignois, vous auez vn eſprit tranſcê dant qui vous emporte apres des magnifiques idees, & ceſte vertu qui autresfois m’eſlançoit de meſme, eſt cauſe que vous recognoiſſant de telle humeur, ie m’afflige cruellement, & treſ buchant aux eſcots du deſeſpoir ie deſchay de touteforce, &principalement quand ie me pro oſe voſtre perfectió. Ie meurs doncques deſo § l’affliction continuelle que l’Amour me fait apprehender, pource que ie né ſuis pointaſ ſeuré devoſtre amitié, veu le peu de ſoin que vous prenez à me le faire paroiſtre.Ie mets à Pa bandon mes belles entrepriſes. I’enuoye au loin mes deſſeins, & me perdantie fraudray l’at tente de pluſieurs à voſtre dommage : i’oublieray les beaux trophees queie preparois àvoſtre gloi re, l’oubly que vous auez pratiqué pour moy, a touteſteint ma memoire. Que le deſplaiſir de perdre l’aſſeurance de ſon amitié eſt cruel ! C’eſt fait, il n’y a rien au monde tant aymable que vous, auſſi rien ne me defera que la perte de vos belles graces : voilà ie meurs oppreſſé des plus vrgentes extremitez du dueil, l’inquietude meſle moname detant d’ennuisqueie ne me recognoi plus : Toutesfois en quelque eſtat que ie puiſſe eſtre, & fuſſe meſme en l’extremité, les reſtes des ſouſpirs de mon cœur s’enuolerontauecvo ſtre nom, & toutes mes penſees prenans fin vous auront pour leur dernier ſuiet, Serafiſe fit vne longuepauſe, puis luy dit le regardant d’vn œil voleur de cœurs : Vous ſçauez queie n’ayiamais eu deſſein que de vous hoiiorer plus que ma vie, § fidelité, &iene ſçay pour-
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Le uoyage des Princes