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Fortunez. Entreprise III


quoy vous vous eſtrangez tant. Ie vous prie de viure en la tranquillité que vous auez acquiſe, & n’affligez voſtre ame de triſteſſe, eſtant certain que ie ne ſeray iamais autre que ce que ie vous ay promis.Le peu de tempsque ceſte Belle auoit ·eſté ſans reſpódre repreſentoit l’eſpace de quel ques mois qu’elle n’auoit rié fait entendre à Cö ſtät, encor qu’il luy euſt eſcrit pluſieurs fois, ſur quoy illuy fit ceſte reſponſe : I’ay longtemps diſputé auec mes propres deſirs, auant que me laiſſer tranſporter au deſeſpoir, mais voyant que la conſtance de mö cœur s’étretenoit pour neät, ſe reduiſant en vnevaine fantaiſie, recreu de cou rir aprestant d’imaginations, i’ay deliberé de me tenir a ma perte, & m’occupant doucement à deſduire mes regrets, m’accuſer quant & quant de mon inſolence, ayant trop entrepris, & ſans vous rien imputer que voſtre propre plaiſir, me dire moy-meſme coulpable de mon mal.En ce ſte reſolutiöi’ay reſigné mesvolontez à la deſti nee, afin d’eſtre conduit ſelö le hazard, vos beaux yeux triompheront comme il leur plaira, vos puiſſances ferontàleur gré, & vos merites vous eſtabliſſans Royne des cœurs me paroiſtrôt cya pres en heureux tableau où ie verray les rencö tres d’amour, de l’obeyſſance duquel ie me re uolte, ne me reſeruant que le plaiſir que"i’auray de voir les paſſades des eſprits qui vous recher cheront, tandis que deſdaigné ie m’endurciray contre les pointes de la diſgrace.Ne laiſſez pour tant de viure heureuſe, eſtant contente de m’a— — uoir mal mené. le ne me veux point reſſentir de ce dernier outrage que vous me faictes, mc traictant en deſeſperé auant le temps :