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Fortunez. Entreprise III


beau commencement de la quitter, & ſemble que ie voy à propos en eſcrit au plinte de ceſte coulonne, Quitte libre & iouyr de ſes amours. Ie vous prie mon pere de m’expliquer ce que vous en tenez, Sarmedoxe. Sire, ie vous en eſclairciray promptement, afin que ſelon noſtre bon fondateur, ie puiſſe dire, Plus deſiré qu’importun. Ceſte Auiſe eſt vn axiome du ſouuerain biē d’icy bas, lequel conſiſte en la iouiſſance de l’hōneſte plaiſir, ſans qu’il en puiſſe ou doiue ſuruenir, ou eſchoir, de l’incommodité ou du mal. Or mal aucun ne peut auenir par la perception de la iuſte volupté, laquelle ſuit les ordonnances diuines, & ne contrarie point aux bonnes loix humaines, & ne fait aucune tranſgreſſion, par ainſi les loix ſont libertez, & les libertez ſont loix aux gens de bien. Si on eſt en liberté de paſſer outre les limites d’vne terre, & que la franchiſe en ſoit à deux mille pas, & on ne va que mille ou douze cent pas, on demeurera en pleine liberté, & on en aura encore plus que l’on n’en prendra, & par ainſi on voguera dans vne abondante grace, en laquelle l’eſprit le refera de parfaite alegreſſe, ce qui ne peut auoir de beauté ſans loix, leſquel les ſont vn ordre accompli, outre lequel n’y a que confuſion, qui eſt la perte de l’eſprit, lequel ſ’eſiouït en l’ordre. En ceſte expoſition i’ay mis la liberté la premiere, pource que c’eſt elle qui fait qu’on ſoit quitte, car nul n’eſt quitte qui ne ſoit libre : Le quitte eſt celuy qui n’a riē de mauuais au cœur qui le tranſporte, & ne doit à aucun dont il puiſſe eſtre moleſté : c’eſt le plus grād malheur qui puiſſe eſcheoir que d’eſtre redeua-