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Fortunez. Entreprise III


grandes demonſtrations de luy vouloir du bien, ce que ie faiſois pour deſtourner l’opinion de pluſieurs qui comme ie l’auois deſcouuert, ſe doutans de nos affections, euſſent voulu les empeſcher, & de faict ils craignent que ie ſois voſtre, pour ce que cela auenant, ils perdroyent les libertez inſolentes & malignes, où ils viuent en noſtre Iſle en toute diſſolution, contre la vertu au deſceu du Roy. Ainſi entretenant ce Prince i’abuſois mes eſpies, & vous conſeruois en mon cœur, maniant mon amour ſi modeſtement qu’ils ne penſoyent plus à attenter contre vos affections, au preiudice de nos amours que ie deſguiſois induſtrieuſement : Et quant à ce Prince, ie le renuoyé fort à propos auec quelque cōmandement, dont il fut tres-aiſe & moy fort contente : car il ſe retira & ie partis incontināt pour venir icy où maintenāt ie vo° ouure mō courage, duquel vous ferés preuue cōme il vous ſera agreable. Cavaliree. Ie ſuis & veux eſtre tant aſſeuré de laverité de ce que vous dites, que ie ne deſire autre certitude que le teſmoignage de mon cœur qui vit de la pure flame qu’il alume en vous aymant, & ce n’eſt point vne vapeur vaine qui ſoit ſimplement paſſagere en mes affectiōs, c’eſt vne forme qui l’a penetré & qui durera autāt que ie viuray, laquelle iamais ne chāgera, ny diminuera. Auſſi ie m’aſſeure qu’il n’y aura plus d’vne part ny d’autre d’alteratiō en ceſte perfectiō d’aymer, d’autant qu’elle eſt cymentee par la vertu qui la rend immuable & permanante : I’en recognois mes ſens tout remis, & en telle humeur i’embraſ-


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