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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/763

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Le uoyage des Princes


tre, il n’y auoit que choiſir pour le lieu plus eminent, vn bout eſtoit à melme aduantage & autant aduantageuſe aſſiette que l’autre, tant vn Prince que l’autre eſtans aſſis auoient place en meſme degré, la diſpoſition eſtoit eſgale : Ceci pourtant n’auoit point eſté faict pour debat qu’euſſent peu auoir ces deux Monarques pour la preſeance, d’autant que liberalement, volontairement, & de franc vouloir, ils s’entrecedoient amiablement, & toutes les difficultez & preſomptions dont les autres debattent, n’eſtoient point és fantaiſies de ceux-cy. Ces obſeruations n’auoient eſté practiquees que pour faire paroiſtre l’excellence des ouuriers, le bon loiſir du Prince & ſes deſirs vertueux s’occupans à ſoulager ſon peuple, le rendre à ſon ayſe, pour en eſtre benit, luy faire iuſtice, ſe recreer en ſuiets de merite : & faire paroiſtre aux peuples qu’il eſt ſeant que chacun tienne ſon rang és aſſemblees notables, où la confuſion faict voir de quel eſprit ſont menez ceux qui la cauſent : & l’ordre demonſtre la bonté de cœur, excellence de courage, & grandeur vertueuſe qui gouuerne les ames de ceux qui ſçauent bien faire. Nous auions les yeux fort empeſchez à conſiderer, & les oreilles eſleuees aux diſcours, parce que ces Monarques en diſnants ne faiſoient point employer les langues des flatteurs, ny des donneurs d’aduis pour preſſurer la ſubſtance des peuples, ains commandoient aux bouches diſertes de s’exercer ſur ſuiets de merite : ſuyuant quoy les Sages diſputoient de choſes notables, & tendans à la