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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/764

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fortunez. Entreprise IV.


gloire de Dieu, où ils raportoient tout, le loüants des biens qu’il octroye liberalement, & comme les propos ſe forment les vns par les autres, il fut parlé de l’inuention des lettres ſur ce que les premiers hommes auoient tant de ſciences infuſes, que leur ſcauoir eſtoit vne abiſme de doctrine, ce qui occaſionna Sarmedoxe d’en diſcourir ainſi. Le premier homme eut la ſcience infuſe generalement & ſpecialement, ce qui paroiſt aſſez par le iugement qu’il eut de nommer toutes les eſpeces par leur nom propre, & ſignificatif, & demonſtrant le naturel, vertu, fins, & compoſition : Et pource que poſſible il preuoyoit que Dieu ne donneroit pas à tous vne meſme ſcience, par ce qu’il n’eſtoit pas neceſſaire pour l’impoſition des noms, ains ſeulement pour la cognoiſſance de l’obiet, il recueillit de ceſte intelligence tant abondante certaines marques dont il fit vne Science que ſes ſucceſſeurs qui l’ont pratiquee long temps, & eſt demeuree à quel ques vns, ont nommé Science nottee, la quelle a eſté conſeruee auec la Cabale en la meſme façon que nous auons veu que les peres la gardoient en leur excellent manoir où nous fiſmes vne deſcente, ſuyuant les auantures qui accompaignent celles d’Herodias. Par le moyen de ceſte ſcience on cognoiſſoit incontinant vn ſuiet propoſé, & de ſes nottes on extrayoit vn caractere qui en particulier repreſentoit le tout. Depuis comme au declin tout diminuë, l’entendement s’eſtant abbaiſſé, & encor plus par le peché, les en-