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fortunez. Entreprise IV.


careſſé & laiſſant la doctrine de Sarmedoxe qui m’euſt apporté du profict ſans honte & ſeruitude, ie ſuyuois la courtoyſie d’vn Roy qui peut à qui il veut, & ie vous diray que le ſens d’vne exquiſe parolle que ie luy auois ouy dire ſans qu’il penſaſt que i’y priſſe garde, m’auoit dreſſé à la commodité, qui eſtoit cauſe que ſans luy ie m’eſtois fourny pour les neceſſitez de la vie. Occaſion que ne dependant en rien de luy, & ne deſirant point de ſes richeſſes, i’eſtois plus enclin à ſa grace qu’à ſon bien-faict, auſſi cela faiſoit que l’eſtois plus libre, : Car qui eſpere d’vn grand, le craint ou le flate, & qui n’en demande n’y eſpere, n’y pretend, il vit auec luy autant pour ſon propre plaiſir que pour celuy du Prince. Et pource n’ayant aucune penſee de profict, ie m’arreſtois à la courtoiſie de ce Roy, lequel m’ayant recognu fort affectionné de ſes fils me fauoriſoit de ſa parolle & benigne approche, & m’euſt volontiers gratifié & encor plus ayant ſceu par ſes enfans que i’eſtois autodidacte ſans ambition, & contant de ce que ie rencontrois ; ſur tout pour ce que ie ne demandois rien, car les Roys n’aiment point à donner à ceux dont ils n’eſperent beaucoup, n’y a ceux qu’ils voyent qui leur ſont humbles sās ſçauoir qu’ils leurs ſoient neceſſaires outre le plaiſir, & encores moins pretendent d’honorer de dons ceux qu’ils croyent qui deſirent ſ’approcher d’eux, crainte que les ayants remplis, ils ſ’eſcartent. Mais ie parle des Roys en l’air, ils ont leurs penſees auec leſquelles il les faut laiſſer : cependant que ie ſuis auec ceſtuy cy auquelie prens mon plai-


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