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fortunez. Entreprise IV.


ſible me couurant auec diſcret vſage de naiueté laquelle conſiderant il m’enquiſt aſſez violentement où i’auois frequenté, qui m’auoit endoctriné, & comment & pourquoy ie m’eſtois addonné à la curioſité. Adonc contraint parce que ie prenois plaiſir de l’eſtre par la douce force que me faiſoit la benignité de ce Monarque dont la parole ſortoit de l’abondance que couuoit ſon cœur aymant, & curieux. Ie luy en fis le diſcours en termes de meſmes que ce que ie vous deduis : En noſtre France où ſe perdent les richeſſes du iour, ie ne dis pas l’endroict, car perſonne ne m’en a donné occaſion : Si la maiſtreſſe que i’y auois eſleuë ne ſe fuſt oubliee elle auroit l’honneur que pour l’amour d’elle i’en euſſe dict particulierement, car rien que tel ſuiet ne m’y euſt contraint : En ce lieu donc la où ſe retire la lumiere au temps que le Soleil traine auec ſoy le plus furieux des animaux que l’on a imaginez reſider en la ceinture celeſte, eſt vne petite plaine en laquelle nature compoſe ſes delices pour ſe reſiouir, & nous donner du cōtentemët : ceſte terre eſt abreuuee de pluſieurs ruiſſeaux, ornee de ſimples pretieux, marquee d’agreables boſcages, terminee de delicieuſes montagnettes abouties d’innumerables petites collines fructueuſes, & couuertes d’vn air plus delectable que celuy dont on faict le plus d’eſtat pour la ſanté. Au milieu eſt vn petit roc qui en radouciſſant ſa montee ſe releue aſſez apertement, & conſtituë vne ſituation amiable tant il vient à propos de l’ordre de toutes les autres rencontres des artifices naturels qui ſont autour


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