Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/771

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
724
Le uoyage des Princes


de là ; enuiron le ſommet ſourd vne claire & belle fontaine qui encloſt vn petit parc, qui deuient comme vne Iſle pleine d’arbres ſalutaires, qui y ſont expreſſément rengez en forme d’vne foreſt abondamment peuplee : Ce parc eſt gardé par l’Ange du Silence qui en a le ſoin, & qui n’y introduit meſme par hazard que ceux qu’vne ferme volonté d’eſtre parfaicts àttire & excite à paroiſtre tels ou le deuenir, autant que le peut perceuoir la fragilité humaine, & encor faut il qu’ils en donnent preuue, en faiſant bien à chacun ſelon raiſon ; ſe gardant de nuire & ſuyuant de pouuoir entier & pleine volonté les ſainctes loix de charité. Ceux qui de faict ſe peuuent reſiouir, qui ſont les bien-nez & bien fortunez, & leſquels trouuent moyen d’y entrer, & viſiter les raretez qui y ſont auec iugement de les conſiderer, ont occaſion de ſe dire pleins de felicité, car qui peut auoir eſpace de ſe repoſer à l’ombre lors que le ſoleil eſt en conionction auec l’aſtre d’amitié, & d’y continuer vn peu la demeure, ils reçoiuent par l’influence meſlee en l’ombrage, pureté d’eſprit, beauté d’eloquence, & bonté de iugement, le tout par la diligence & ſoin de la Fée Barule, qu’il faut ſoigneuſement carreſſer & frequenter : C’eſt elle qui m’a duit aux curioſitez que ie vay pourſuiuant ; Par elle, Sire, ie me ſuis duit à cherir ce qui eſt le but des vrais curieux.

Ce grand Roy ayant ouy ce que ie luy racontois de la ſituation de ce petit territoire, eſtoit ialoux en ſoy-meſme qu’il n’en auoit vn pareil en ſon Hermitage ; & ie croy que ſi c’euſt eſté