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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/815

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Le uoyage des Princes


temps & lieu, adonc le marchand luy fit ceſte harangue. Sire, apres auoir mis fin à pluſieurs grāds voyages, & ayant ſceu que vous eſtiés icy en lieu où toute courtoiſie abonde, toute galantiſe d’eſprit paroiſt, & le plus beau des ames ſe manifeſte, ie ſuis venu ſaluer voſtre majeſté, & auec cela vous ramenteuoir du don qu’il vous pleuſt m’octroyer quand ie vous laiſſé la belle figure. l’emperevr. C’eſt raiſon que vous ſoyez contenté. Le Marchand. Sire, il n’y a que Dieu qui me puiſſe contenter. l’emp. Ie l’entens ſainement, mais vous eſtes trop galand, & ſcauant pour vn marchand. le march. Sire, I’ay acquis & acheté de la ſcience ; parquoy en voſtre preſence ie n’oſe parler autrement que ſelon que le deuoir me commande de dire deuant le patron des beaux eſprits :Sire, pardonnez à ma preſomption, elle eſt humble. Et me faites l’honneur de m’accorder le don. l’emp. Pour le plaiſir & le bien que m’a apporté l’effait de la figure, ie vous ottroye le dō. {{sc|l’emp]]. Sire, dōnez moy, Madame, voſtre fille. l’emp. Elle n’eſt pas de condition pour eſtre donnee à vn Marchand. l’emp. Sire, donnez là dōc au Roy. l’emperevr. Serez-vous contant ? le march. Ouy ; Sire, pourueu que ce ſoit de bon cœur, car lors ie ſeray ſatisfait, & Vous quitte. l’emp. Ie la lui donne. le march. Sire, ayez en ſouuenance, & ne penſez plus à elle, car iamais plus ne partira d’icy puis que vous l’auez reſignee à celui qui la colloquera ſelon les loix de ce ſaint lieu. Il auoit encor ces termes ſur les léures, qu’vn petit murmure ſ’eſleua à la venue d’vn homme d’apparence, il auoit façon de


Prince