Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/814

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
767
fortunez. Entreprise IV.


eſt temps que vous qui auez fait profeſſion d’eſtre Amant, plein de perſeuerance, apres tant de tentations ayez quelque plaiſir, ſelon l’eſperance dont on vous a fidelement repeu, depuis le iour qu’il a eſté ordonné que vous viendriez en ce lieu faire preuue de voſtre courage, & que en fin vous y trouueriés ce que vous deſirez, auec tant d’affection & de paſſion. Or pource que vous eſtes coulpable, & qu’il eſt ſeant que vous ſubiſſiez le iugement d’Amour, il a eſté ordonné que vous auriez ce tēps particulierement à vous, & qu’il ſeroit determiné de voſtre affaire, ſelon la bonté de voſtre cœur. Parquoy c’eſt à vous à y penſer, & ie doy proceder contre vous, pour vous rendre la punition que vous meritez, ou pour vous inſtaller en la gloire de vos contentemens. Diſpoſez vous donc comme fidele Amant, a fin que vous acqueriez autant de grace qu’auez eu d’ennuy. L’Emperevr Puis que ie ſuis venu en l’ermitage d’honneur nouueau pelerin d’annour, ie veux & deſire demeurer exactement ſous les loix & couſtumes de ce lieu eſtant preſt de rendre conte de mes deportements : A cét inſtant voicy entrer en la ſale vn perſonnage eſtimé marchand pour ſon habit, il auoit vne belle aſſeurance & vne grace conſtante, ce qui le fit conſiderer de tous, & puis ſa facon auec humilité fut cauſe que l’on deſira oüir ce qu’il diroit & voir ſes actions : Approché de l’Empereur il luy fiſt la reuerence accompagnée de grande ſubmiſſion, alors l’Empereur le recognut pour celuy qui luy auoit baillé la figure d’argēt, & luy en auoit promis ce qu’il luy en demanderoit en