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fortunez. Entreprise I.


de quoy ſ’aperceurēt les Princes, Seigneurs & autres qui y prenoyent garde, & iugerēt par là, que bien toſt la bōne humeur r’ameneroit la ſanté de Roſolfe. Quād l’eſprit eſt en ſa propre diſpoſitiō, le lugemêt ſe trouue en eſtat de bien faire ſa function. Le Baſteleur retourné, & le Roy déuelopé du plus eſpois de ſa malancholie : commençoit à raiſonner familierement par tout, il appella à ſoy le Baſteleur, auquel il demāda qui lui auoit donné conſeil de venir à lui. LE BAST. Sire, ce qui vous a donné du plaiſir m’en a donné le conſeil. LE RoY. Prens tu conſeild’vne beſte. Le bast. Si re, excuſez moy ſ’il vous plaiſt, & ie vous diray vn propos notable ; Ce n’eſt pas vne beſte que mon ſinge, non, c’eſt vne Fee, n’auez vous iamais ouy parler de la Fee Romande, c’eſt elle meſme qui ſ’eſt miſe en ceſte figure expres pour voſtre ſoulagement, & quand il vous ſera agreable, elle ſe mettra en belle Dame : Sire, vous plaiſt-il er veoir les effets ? Le Roy qui ſentoit ſa ratte ſ’amolir & l’humeur melancholique ſe reſoudre, penſant que ce Baſteleur eut encor quelque tour nouueau pour le faire rire, lui dit, va, fais tranſmuer ton ſinge, & que ie voye ceſte belle Fee. Le bast. Sire, les Fees pudiques ne ſ’oſent pas communiquer librement, ſans auoir aſſeurance qu’il ne leur ſera fait aucune inſolence, force ou vergongne. S’il plaiſt à voſtre majeſté, de m’aſſeurer qu’il ne luy ſera fait aucun deſplaiſir, pour choſe qui auienne ou apparoiſſe & qu’elle fera en toute liberté tout ce qu’il lui plaira, ſoit pour ſ’aprocher ou ſe retirer ſi beſoin eſt, ie la vous feray paroiſtre. Le Roy aleché par tels deuis plaiſans


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