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Le uoyage des Princes


Roy prenoit plaiſir à l’ouïr parler, eſtimāt que les bourdes qu’il propoſoit, eſtoiēt pl° pour le diuertir que pour riē effectuer de propre à ſon mal. Par le commādement du Roy, la porte eſtoit ouuerte au baſteleur a toutes heures, lequel amena ſon ſinge, auquel il faiſoit faire tant de paſſades riſibles, que cela diuertiſſoit l’eſprit de Roſolphe, duquel toutesfois l’ennuy ſe repreſentoit ſi viuement en ſa penſee quand il eſtoit ſeul, qu’il perdoit preſque tout courage, pour à quoy prouuoir le plus ſouuent on luy donnoit des diuertiſſemens diuers, ores de bons diſcours, puis de la muſique, en apres des jeux de plaiſir, & autres delices d’yeux & d’oreilles, qui s’entreſuiuoyent en ſa preſence. Par l’auis du Baſteleur qui dit, que ſon ſinge en auoit enuie, le Roy fut mené en vn pauillon qui eſtoit aux iardins, & là vne apreſdinee il fit faire à ceſte beſte, tant de non communes & ridicules grimaſſes, & geſtes fantaſtiques, que le foye ſe dilatant au Roy il entra en quelque delectation : vne fois qu’en ce lieu, le Roy auoit pris plaiſir aux ſoubreſaux du ſinge, & qu’eſtant las de ce jeu, il voulut ſe promener au iardin il y alla, & commanda qu’on le laiſſaſt vn peu ſeul : ainſi allant & venant, il jettoit l’œil par la feneſtre, & voyoit le ſinge en frayeur, aupres du grand leurier lequel il craignoit, parquoy ſe trouuant ſi pres de luy ſe tenoit en peu de lieu, & de peur faiſoit des geſtes, mines, façons & contenances tant differentes, & fi ioyeuſement agreables, pour leur deſplaiſance & ordre ſi deſordonné, que le Roy ne peut ſe contenir ſi fort, qu’il ne donnaſt quelque ſigne de ioye ſe prenāt à rire,


de quoy