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fortunez. Entreprise I.


uerts, voila ce que le Roy de Nabadonce vous offre, & pour cela, Sire, il voº requiert d’vne faueur : Il eſt certain que les procés d’amour ſont intētez deuant vous, qui en eſtes iuge abſolu, ainſi qu’il vous eſt eſcheu par le conſentement vniuerſel : dont les decrets ſont inuiolables. La faueur qu’il deſire de vous tend à l’acompliſſemēt de ſon Hermitage d’Honneur, & pource il vous prie (pour rendre parfaites les excellences qui y ſont, & qui difficilemēt peuuent eſtre autre part) de donner à ſon Hermitage que l’appel des cauſes d’amour y viēdra & lui ſera attribué, & afin que vous croyez qu’il ne veut rien entreprēdre ſur vous, il entend que vous y enuoyrez vn iuge pour prononcer tels arreſts, ſ’il ne vo° plaiſt le venās viſiter, y venir auſſi iouir du droit qui eſt & ſera voſtre : comme en lieu que vo° aurés eſleu pour ceſt effet. Cela ayāt eſté entendu on lui dit que le lendemain il lui ſeroit fait reſponſe. Le frere de la Dame hoſteſſe des Fortunez veint les trouuer, & leur expoſa le tout, demādant ſur ce leur conſeil & bon auis : A quoy ayās penſé lui dirēt qu’il eſtoit bon de promettre tout au Roy de Nabadonce, aleguant que qui refuſe met en peine, & qui promet tout ne promet riē, & que qui tout d’vn coup ſ’ouure ne declare pas ſon ſecret : Ce gētilhomme ayāt communiqué cela au Conſeil & eſtant trouué bon, l’aſſemblee fit reſponce à l’Ambaſſadeur telle qu’il deſiroit de ſorte qu’il ſ’en retourna fort content : Ainſi conſolé de bōne chere, gratifié de reſponſe agreable, & aſſeuré d’amitié parfaite il leua l’ancre, & s’en retourna, Trois iours apres les Fortunez firent voile où leurs affaires les portoyent, laiſſans


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