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Le uoyage des Princes


entre ces Dames vne bonne odeur de leurs perfections. Vn peu apres vindrét en Sympſiquee deux gentilshomnies de la part du Roy Roſolfe & de la Royne Feriſtee, demāder le iour qu’il ſe falloit trouuer aux iugemens d’amour, & il leur fut dit que cela ne ſe pouuoit reſoudre, que nouuelles ne fuſſent venues de Nabadonce, dont on les auertiroit, & que cependāt comme toufiours & l’iſle & les perſonnes eſtoyent à eux. Quand quelque parole eſtoit dite en Sympſiquee, on ne la retractoit iamais, tout y eſtoit ſerieux, il n’y auoit ambition ni enuie, les mutins n’y eſtoient point cognus, car tout y eſtoit ſelō vertu : ce n’eſt pas ainſi qu’en ces pais où nous auons fait retraite apres nos voyages. Or ceux qui deſireront cognoiſtre la forme du gouuernement de ceſte Iſle tant belle, qu’ils voyēt ce qui en eſt retracé parmi les valeurs de la Pucelle d’Orleans, & qui voudra ſçauoir l’eſtat de la Belle Iuiue, qu’il retrace les auātures de Herodias, où ſont contenus pluſieurs moyens de delier beaucoup de nœufs, que la cabale legitime y a conſeruez en ſe conſeruant : Si ie ſçauois que la bonne rencontre en eſcheut à quelque indigne, i’aurois tāt de regret, que iamais mon cœur n’auroit de contentement. Toutesfois ie m’auiſe que ce que ie crains ne peut auenir : car toutes les affaires du monde prenent vne voye du tout contraire à la bonne raiſon ; Et vient fort à propos que dreſſant ces memoires, diſcourant de ces galantiſes, ie ſuis en lieu où la bonne curioſité eſt morte, où les beaux eſprits ne pourroyent viure qu’à regret, où la gentilleſſe des mœurs n’eſt qu’auec le peu qui fait reluire le petit iour de ver-