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fortunez. Entreprise I.


part de telles bonnes cōmoditez, ſuuoit ſes beaux plaiſirs. Il auoit vn chœur de la plus agreable Muſique, à quoy ne deuoit rien le concert de la delicieuſe Poëſie : auec ces deux marchoit à l’eſgal l’excellente peinture, dont il auoit fait chois parfait, ainſi que Iuge competant, parce qu’il s’y entendoit, & les pratiquoit artiſtement. Et pour n’y oublier rien, il en appointoit liberalement les ſtudieux qu’il pouuoit retenir ou attraire. Les belles recompenſes, le bon accueil, & l’amitié non feinte dont il obligeoit les ſages, doctes & vertueux, attiroient des profeſſeurs experts, qui de toutes parts le venoient veoir, les vns pour faire fortune, & s’accomplir dauantage, les autres pour l’admirer & eſtre en ſa grace. Les diſcours de ſes occupations alloient de bouche en bouche par touts tellement qu’il n’y auoit gueres de pays où les curieux ne ſçeuſſent l’eſtat de ceſt Empereur. Ce pédant qu’il ſe dōnoit ce ſoin, le grand & riche Roy de Boron abondant en toutes commoditez meu peut eſtre d’vn ſemblable eſprit, de peur d’eſtre ſerf de ſes biens dont il ſe ſeruoit, ſe iettoit à telles perfections, & pour y auoir plus de plaiſir y auoit faict inſtruire Etherine ſa fille vnique, laquelle s’y employa ſi bien, qu’auec toute la fleur de beauté que nature luy auoit donnee, elle adiouſta à ſes autres perfections, qu’elle fut accomplie à bien chanter & toucher toutes ſortes d’inſtrumens de Muſique, non à l’auanture, mais ſelon les preceptes & obſeruations de l’art, ſçachant les maximes de la profeſſion : Ceſte belle eſtoit vn aſtre luyſant ſur tous les pays voiſins, & deſia ſa lumiere eſclattoit vers les terres eſloignees. Le Roy ſon pere qui