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Le uoyage des Princes


que i’ay fait à mon cœur, ie ne manqueray point de ſeruiteurs qui ſerōt à moy à l’ordinaire de tout le monde, mais ie ne le veux pas, & ſi deſire d’eſtre ſeruie d’vn qui m’ayme : ſi vous ſouhaittez eſtre ceſtuy-là, ainſi que m’auez tant de fois coniuree à le croire, ie vous diray les loix que ie veux que vo° obſeruiez pour eſtre receu de moy : Il faut que ma ſimple parole ſoit l’aſſeurance de ce que vous pretendez de moy, auſſi eſt-ce la plus certaine preuue que ie vous puiſſe rendre, il conuient que vous ſoyez celuy ſeul qui tienne toute la forme de la fermeté en l’amitié que nous deuons eſtablir, & de laquelle ie ne vous veux faire aucune demonſtration iuſques à ce qu’il me plaiſe, ou qu’il le faille, ou qu’il ſoit raiſonnable, & encor en la ſorte que ie l’ordonneray lors que ie vous priray de me dōner vn don que vous m’accorderez. Si ſelō ces loix vous faites ce dont ie vous prieray, ie vous eſtimeray vaillant & veritable, puis apres nous parlerōs du prix deu à voſtre merite, ſelō le temps, la fortune & l’honneur. Le Prince. Madame, ayant reſigné mes volōtez ſous voſtre pouuoir, il eſt neceſſaire que ie depende du tout de vo°, les loix que vous m’ordonnez ſont l’ordre de vie que ie dois ſuiure, ce que vous cōmāderez, eſt ce qu’il faut que i’effectue, puis que mon eſprit eſt à vous, conduiſez-le comme il vous plaira : car autrement ne ſerois-ie point voſtre ſeruiteur, ſi i’auois quelque intention qui fuſt tant ſoit peu deſtournee de la reigle que vous eſtablirez ſur mes volontez & actions, Etherine. En ceſte aſſeurance, ie vous diray mon ſecret, & voicy le premier proiect par lequelie vous obligeray à croire que