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fortunez. Entreprise I.


ie vous ayme, & que vous n’aurez volonté que la mienne : Ie ſuis en vne inquietude continuelle pour l’excellence de l’Empereur de Glindicee, qui ſeul eſt celuy qui peut emporter ſur moy la victoire en l’execution des ſuiects mignons que i’ay propoſez en mon eſprit pour ſeule y triompher ſur tous les eſprits qui reſpirent ceſte vie : & pource que ie ne ſuis pas Amazone conduiſant les armees, ce que i’euſſe peu faire, ſi le temps & l’occaſion m’y euſt induite, i’ay addonné mon cœur à ce qui l’a peu rendre accomply, & me ſuis tellement determinee à ces effects, que ie ne veux pas qu’il y ayt vn autre que moy qui excelle en ce que i’abonde : c’eſt ce qui m’inquiete & d’entendre que ce Prince pacifique ſoit tellement accomply, qu’il en ſcache plus que moy, ie ne veux point que celà ſoit, car il n’y a rien que i’aye entrepris ſçauoir, que ie ne cognoiſſe abſolument, auſſi i’eſpere le vaincre en ſa preſence, & luy faire rendre les aboys és concerts que nous ferons, quand il ſera temps. Le Prince. Mada me, ſans tant vous inquieter, ſans vous donner de la paſſion pour luy, en alterant voſtre bel eſprit qui doit eſtre en paix, voulez-vous que ie parte tout maintenant, & que i’aille à luy, & qu’au milieu de ſes pays, dans l’enclos de ſes fortereſſes, au ſein de ſes gardes ie luy oſte la vie qui vous faſche ? Et qu’y a-il au monde de plus puniſſable que ce qui trouble le bel eſprit de Madame ? Ouy, i’iray & i’eſteindray pour iamais les dexteritez de celuy qui vous importune ? Etherine. Non, mon braue Prince non, celuy


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