Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

§ 22.

N’est-il pas plus naturel & plus intelligible de tirer tout ce qui existe du sein de la matiere, dont l’existence est démontrée par tous nos sens, dont nous éprouvons les effets à chaque instant, que nous voyons agir, se mouvoir, communiquer le mouvement & générer sans cesse , que d’attribuer la formation des choses à une force inconnue , à un Etre spirituel qui ne peut pas tirer de son fond ce qu’il n’a pas lui-même, & qui par l’essence spirituelle qu’on lui donne, est incapable & de rien faire & de rien mettre en mouvement ? Rien de plus évident que l’idée, qu’on s’efforce de nous donner de l’action d’un esprit sur la matiere, ne nous représente aucun objet, ou est une idée sans modele.

§ 23.

Le Jupiter matériel des anciens pouvoit mouvoir, composer, détruire & engendrer des Etres analogues à lui-même : mais le Dieu de la Théologie moderne est un Etre stérile. D’après la nature qu’on lui suppose, il ne peut ni occuper aucun lieu dans l’espace, ni remuer la matiere, ni produire un monde visible, ni engendrer soit des hommes, soit des Dieux. Le Dieu métaphysique est un ouvrier sans mains ; il n’est propre qu’à produire des nuages , des rêveries , des folies & des querelles.

§ 24.

Puisqu’il falloit un Dieu aux hommes, que