Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/26

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ne s’en tenoient-ils au ſoleil , ce Dieu viſible adoré par tant de nations ? Quel Etre avoit plus de droits aux hommages des mortels que l’astre du jour, qui éclaire, échauffe, vivifie tous les Etres ; dont la présence ranime & rajeûnit la nature ; dont l’abſence ſemble la plonger dans la triſteſſe & la langueur ? Si quelqu’Etre annonçoit au genre humain du pouvoir, de l’activité, de la bienfaiſance, de la durée , c’étoit, ſans doute, le ſoleil qu’il devoit regarder comme le pere de la nature, comme l’ame du monde, comme la divinité. Au moins on n’eût pu ſans folie lui diſputer l’existence ou refuſer de reconnoître ſon influence & ſes bienfaits.

§ 25.

Le Théologien nous crie que Dieu n’a pas beſoin de mains ou de bras pour agir. Qu’il agit par ſa volonté. Mais quel est ce Dieu qui jouit d’une volonté ? & quel peut-être le ſujet de cette volonté divine ?

Est-il plus ridicule ou plus difficile de croire aux fées, aux ſylphes, aux revenants, aux ſorciers , aux loups-garoux, que de croire à l’action magique ou impoſſible d’un Eſprit ſur le corps ? Dès qu’on admet un Dieu pareil, il n’eſt plus de fables & de rêveries qui ſoient en droit de révolter. Les Théologiens traitent les hommes comme des enfants, qui jamais ne chicannent ſur la possibilité des contes qu’on leur fait.