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La Princesse Camion

dans ſa poche, tirant un étui à cure-dent, elle l’ouvrit, & il en ſortit une petite poupée d’email, ſi jolie & ſi bien faite que la reine, malgré ſa douleur, ne put s’empêcher de l’admirer. C’eſt ma filleule, continua la fée, & je lui ai toujours deſtiné Zirphil. La reine étoit toute en larmes, elle conjuroit Marmotte par les paroles les plus touchantes, de ne pas l’expoſer à la riſée de ſes peuples, qui ſe moqueroient d’elle ſi elle leur annonçoit ce mariage. Qu’eſt-ce à dire ſe moquer, madame, dit la fée ? Ah, nous verrons ſi l’on doit ſe moquer, madame, dit la fée ? Ah, nous verrons ſi l’on doit ſe moquer de ma filleule, & ſi votre fils ne doit pas l’adorer. Je veux bien vous dire qu’elle le mérite ; elle eſt petite, cela eſt vrai, mais elle a plus d’eſprit que tout votre royaume enſemble : quand vous l’entendrez vous en ſerez ſurpriſe vous-même ; car elle parle, je veux bien vous le dire. Allons, petite princeſſe Camion, dit-elle à la poupée, parlez un peu à votre belle-mère, & montrez-lui ce que vous ſavez faire. Alors la jolie Camion ſauta ſur la palatine de la reine, & lui fit un petit compliment ſi tendre & ſi raiſonnable, que la reine ſuſpendit ſes lar-