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La Princesse Camion

que les rois ſoient expoſés à de ſi grands malheurs ! Ah ! nous ne ſommes au-deſſus des autres hommes que pour ſentir plus douloureuſement les peines & les malheurs attachés à la vie ; & pour donner de plus grands exemples de fermeté, ſire, reprit la poupée avec une petite voix douce & claire. Ma chère Camion, dit la reine, vous parlez comme un oracle : enfin, après une converſation d’une heure entre ces trois perſonnes, il fut conclu que l’on ne divulgueroit point encore ce mariage, & qu’on attendroit que Zirphil, qui étoit à la chaſſe pour trois jours, ſe déterminât à ſuivre les ordres de la fée, que la reine ſe chargea de lui apprendre.

En attendant, la reine & même le roi s’enfermoient pour entretenir la petite Camion : elle avoit l’eſprit fort orné, elle parloit bien, & avec un tour ſingulier qui plaiſoit beaucoup ; cependant, quoiqu’elle fût animée, ſes yeux avoient un fixe qui étoit déplaiſant, & la reine ne s’en choquoit, que parce qu’elle commençoit à aimer Camion, & qu’elle craignoit que le prince ne la prît en averſion. Il s’étoit paſſé plus d’un mois déjà depuis que Marmotte avoit paru, que la reine n’avoit encore oſé