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La Princesse Camion

lui montrer ſa prétendue. Un jour il entra chez elle comme elle étoit encore au lit : Madame, lui dit-il, il m’eſt arrivé la choſe du monde la plus ſurprenante à la chaſſe ces jours paſſés ; j’avois toujours voulu vous le cacher : mais enfin cela devient ſi extraordinaire qu’il faut abſolument que je vous le diſe.

Je ſuivois un ſanglier avec beaucoup d’ardeur, & je l’avois pourſuivi juſqu’au fond de la forêts ſans prendre garde que j’étois ſeul, lorſque je le vis ſe précipiter dans un trou qui ſe fit à la terre ; mon cheval s’étant lancé après, je tombai pendant une demi-heure, & je me trouvai au fond ſans m’être bleſſé. Là, au lieu du ſanglier, que j’avoue que je craignois de trouver, je trouvai une perſonne fort laide, qui me pria de deſcendre de cheval & de la ſuivre. Je n’héſitai pas, & lui donnant la main, elle fit ouvrir une petite porte qui étoit auparavant cachée à ma vue, & j’entrai avec elle dans un ſallon de marbre vert, où il y avoit une cuve d’or couverte d’un rideau d’une étoffe fort riche : elle ſe leva, & je vis dans cette cuve une beauté ſi merveilleuſe, que j’en penſai tomber à la renverſe. Prince Zirphil, me dit