Page:Le cabinet des fées - ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux - 33 (1786).djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
La Princesse Camion

cette dame qui ſe baignoit, la fée Marmotte m’a enchantée ici, & c’eſt par votre ſecours ſeul que je puis être délivrée : Parlez, madame, lui dis-je, que faut-il que je faſſe pour vous ſecourir ? Il faut, dit-elle, m’épouſer tout-à-l’heure, ou m’écorcher toute vive. Je fus auſſi ſurpris de la première propoſition qu’effrayé de la ſeconde. Elle lut dans mes yeux mon embarras ; & prenant la parole : ne vous imaginez point, dit-elle, que je me moque ou que je vous propoſe une choſe de laquelle vous puiſſiez vous repentir. Non, Zirphil, raſſurez-vous, je ſuis une princeſſe infortunée, que la fée a priſe en averſion, elle m’a fait moitié femme, moitié baleine, pour n’avoir pas voulu épouſer ſon neveu, le roi des merlans, qui eſt effroyable, & encore plus méchant, & elle m’a condamnée à l’état où je ſuis, jusqu’à ce qu’un prince, nommé Zirphil, ait rempli une des conditions que je viens de vous propoſer ; pour en venir à bout, j’ai fait prendre la forme d’un ſanglier à ma dame d’honneur, & c’eſt elle qui vous a attiré ici ; j’ai même à vous dire que vous n’en ſortirez point, que vous n’ayez rempli mes déſirs d’une façon ou d’une autre, je n’en ſuis pas la maîtreſſe,