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La Princesse Camion

& Citronette, que vous voyez avec moi, vous dira que cela ne peut être autrement. Imaginez-vous, madame, dit le prince à la reine, qui l’écoutoit attentivement, dans quel état me mit ce dernier diſcours. Quoique le viſage de la princſſe Baleine me plût infiniment, que ſes grâces & ſes malheurs la rendiſſent extrêmement touchante, la Baleine me donnoit une horreur effroyable ; cependant, quand je ſongeois qu’il falloit l’écorcher, j’étois au déſeſpoir. Mais, madame, lui dis-je enfin, (car mon ſilence devenoit auſſi ſtupide qu’inſultant), n’y auroit-il point un troiſième moyen. Je n’eus pas achevé ce malheureux mot, que la princeſſe Baleine & ſa ſuivante firent des cris & des lamentations à percer la voûte du ſallon. Ingrat ! cruel ! tigre ! & tout ce qu’il y a de plus farouche & de plus inhumain ! me dit-elle ? tu veux donc que je ſois encore condamnée au ſupplice de te voir expirer ? Car ſi tu ne te réſous à m’accorder ce que je te demande, tu vas périr, la fée me l’a aſſuré, & je ſerai Baleine toute ma vie.

Ses reproches me perçoient le cœur ; elle tiroit ſes beaux bras hors de l’eau, & joignit des mains charmantes pour me prier

Tome XXXIII.
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