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La Princesse Camion.

de choiſir promptement. Citronette étoit à mes genoux qu’elle embraſſoit en criant à me rendre ſourd. Mais comment vous épouſer, diſois-je ? Quelle ſorte de cérémonie faut-il pour cela ? Écorchez-moi, me diſoit-elle tendrement, & ne m’épouſez pas, je l’aime autant. Écorchez-la, diſoit l’autre en criant toujours, & ne vous embarraſſez de rien. J’étois dans une perplexité que je ne puis dire ; & quand je revois à ce que je devois faire, leurs cris & leurs pleurs redoubloient, & je ne ſavois plus que devenir. Enfin, après mille & mille combats, je relevai les yeux ſur la belle Baleine, & j’avoue que j’y trouvai un charme inexprimable. Je me jetai à genoux près de la cuve, & prenant ſa belle main : non, divine princeſſe, lui dis-je, je ne vous écorcherai point, j’aime mieux vous épouſer.

À ces mots, la joie ſe répandit ſur le viſage de la princeſſe, mais une joie modeſte, car elle rougit ; & baiſſant ſes beaux yeux. Je n’oublierai jamais, dit-elle, le ſervice que vous me rendez ; j’en ſuis ſi pénétrée de reconnoiſſance, que vous devez tout attendre de moi après cette généreuſe réſolution. Ne perdez point de temps, crioit l’inſupportabie Citronette, dites-lui vîtement