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La Princesse Camion.

à ſon tour ; elle la lui donna avec beaucoup de grâce & de dignité, puis elle rentra dans ſon étui. Après cette tendre ſcène, la reine ſe leva pour aller dire au roi tout ce qui s’étoit paſſé, & pour prendre des meſures raiſonnables contre la colère de la fée.

La nuit ſuivante, Zirphil, malgré la garde qu’on avoit redoublée dans ſon appartement, fut enlevé à minuit ſonnant, & ſe trouva à l’ordinaire près de ſon inviſible ; mais au lieu de s’entendre dire les choſes douces & touchantes qu’on avoit coutume de lui dire, il entendit qu’on pleuroit, & que cette perſonne s’éloignoit de lui. Qu’ai-je donc fait, dit-il enfin, après s’être bien fatigué à courir après ? Qu’ai-je fait pour que vous me traitiez ſi mal ? Vous pleurez, ma chère Baleine, quand vous devriez me conſoler de ce que je dois craindre pour ma tendreſſe ! Je fais tout, dit la princeſſe Baleine avec une voix entrecoupée de ſanglots, je fais tout ce qu’il peut m’arriver de cruel : mais, ingrat ! c’eſt de vous que j’ai le plus à me plaindre. Ô ciel ! s’écria Zirphil, hé, quoi ! qu’avez-vous à me reprocher ? L’amour que Camion a pour vous, reprit la voix, & la tendreſſe avec laquelle