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La Princesse Camion

vous avez baiſé ſa main. La tendreſſe ! reprit vivement le prince ? Eh ! divine Baleine, connoiſſez-vous ſi peu la mienne, pour l’accuſer ſi légèrement ? De plus, quand Camion pourroit avoir de l’amour, ce qui eſt impoſſible, puiſqu’elle ne m’a vu qu’un moment, pourriez-vous le craindre, après celui que j’ai pour vous, après les preuves que je vous en ai données ? C’eſt vous que je dois accuſer d’injuſtice ; car ſi je l’ai regardée avec quelqu’attention, ce n’eſt que parce que ſon viſage repréſente le vôtre, & qu’étant privé du plaiſir de vous voir, tout ce qui vous reſſemble me plaît extrêmement : ne vous cachez plus, ma chère princeſſe & je n’en regarderai pas une autre. L’inviſible ſembla ſe conſoler à ces mots, & ſe rapprochant du prince : pardonnez-moi, dit-elle, ce petit mouvement de jalouſie, j’ai aſſez de ſujets de craindre qu’on me ſépare de vous, pour avoir été affligée d’une choſe qui ſembloit commencer à m’annoncer ce malheur. Mais, dit le prince, ne pourrai-je ſavoir pourquoi il ne vous eſt pas permis de vous montrer ? Car, ſi je vous ai délivrée de la tirannie de Marmotte, comment eſt-il poſſible que vous y ſoyiez encore ſoumiſe ? Hélas ! dit la princeſſe invi-

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