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La Princesse Camion

ni ceux de ta princeſſe, que tu ne te ſois ſoumis à mes ordres.

En achevant ces mots, elle diſparut ainſi que la princeſſe, la chambre & le palais, & il ſe trouva dans ſon appartement nud en chemiſe, & l’épée à la main. Il étoit ſi étonné & ſi outré de colère, qu’il ne penſoit pas qu’il geloit de froid ; car on étoit alors dans le plus fort de l’hiver. Au bruit qu’il faiſoit, ſes gardes entrèrent dans ſa chambre, & le prièrent de ſe coucher, ou de ſe laiſſer habiller. Il prit le dernier parti, & paſſa dans la chambre de la reine, qui de ſon côté avoit paſſé la nuit dans la plus cruelle de toutes les inquiétudes. Elle n’avoit pu s’endormir en ſe couchant, & pour tâcher d’y parvenir, elle avoit voulu s’entretenir de ſes chagrins avec la petite Camion : mais elle avoit eu beau ſecouer ſon étui, Camion n’y étoit plus : elle craignoit de l’avoir perdue dans ſes jardins & elle s’étoit levée après avoir fait allumer des flambeaux pour la chercher, mais inutilement ; elle avoit abſolument diſparu, & la reine étoit venue ſe recoucher dans un chagrin épouvantable : elle le laiſſoit éclater quand ſon fils entra. Il étoit ſi affligé lui-même qu’il ne s’apperçut point des pleurs

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