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La Princesse Camion.

ſible, ſi vous aviez choiſi de m’écorcher, nous aurions été bien plus heureux ; mais vous avez eu tant d’horreur pour cette propoſition, que je n’ai pas oſé vous en preſſer davantage. Par quel haſard, interrompit le prince, Camion eſt-elle inſtruite de cette aventure ; car elle m’a dit à-peu-près la même choſe ? À peine achevoit-il de prononcer ces derniers mots, que la princeſſe Baleine fit un cri épouvantable, & s’élança hors du lit ; le prince ſurpris en ſortit précipitamment. Mais quel fut ſon effroi, lorſqu’au milieu de la chambre il apperçut l’hideuſe Marmotte qui tenoit par les cheveux la belle princeſſe Baleine, qui n’étoit plus ni baleine ni inviſible ! Il voulut prendre ſon épée ; mais Baleine, toute en larmes, le pria de modérer ſa colère, parce qu’elle ne ſerviroit de rien contre le pouvoir de la fée ; & l’horrible Marmotte, en grinçant les dents, il en ſortit une flamme violette, qui lui brûla les poils de la barbe : Prince Zirphil, lui dit-elle, une fée qui te protège contre moi m’empêche d’exterminer, toi, ton père, ta mère & tout ce qui t’appartient ; mais tu ſouffriras du moins dans ce qui t’eſt le plus cher, pour t’être marié ſans m’a voir conſultée, & tes tourmens ne finiront point,