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La Princesse Camion

entra dans une cour qui conduiſoit à un veſtibule magnifique, & à des appartemens ſans nombre, dont toutes les murailles de cryſtal de roche, gravées admirablement, faiſoient le plus bel effet du monde ; des hommes avec des têtes de poiſſons de toutes les eſpèces habitoient le château. Il ne douta pas que ce ne fût la demeure du roi des Merlans ; il en frémit de courroux ; mais il ſe contraignit pour demander a un turbot, qui avoit l’air du capitaine des gardes, comment il s’y prendroit pour voir le roi des Merlans. L’homme-turbot lui fit ſigne gravement d’avancer, & il entra dans la ſalle des gardes, où il vit ſous les armes mille hommes à tête de brochet, qui ſe mirent en haie ſur ſon paſſage ; enfin, il vint juſqu’à la chambre du trône, après avoir percé une foule infinie d’hommes-poiſſons. Ils ne faiſoient pas grand bruit, car ils étoient muets ; la plus grande partie avoient une tête de merlan : il en vit pluſieurs qui lui parurent les plus conſidérables par la foule qui les entouroit, & par les airs importans qu’ils prenoient avec quelques-uns. Il parvint juſqu’au cabinet du roi, d’où il vit ſortir le conſeil compofé de douze hommes qui avoient des têtes de requin : le roi lui-même parut enfin ;