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La Princesse Camion.

il avoit, comme les autres, une tête de merlan ; mais il avoit des nageoires ſur les épaules, & depuis la ceinture en bas il étoit véritable merlan : il parloit, & ſon vêtement n’étoit compoſſé que d’une écharpe de peau de dorade qui étoit allez brillante. Il avoit un caſque en forme de couronne, ſur lequel s’élevoit une queue de morue qui faiſoit le panache ; quatre merlans le portoient dans un ſceau de porcelaine du Japon, qui étoit grand comme une cuve à ſe baigner ; il étoit rempli d’eau de la mer ; ſa plus grande magnificence étoit de le faire remplir deux fois le jour par les ducs & pairs de ſa cour ; cet emploi étoit extrêmement brigué. Le roi des Merlans étoit fort grand, & avoit plus l’air d’un monſ‍tre que d’autre choſe. Quand il eut parlé à quelques-uns de ceux qui lui apportoient des placets, il apperçut le prince. Qui êtes-vous, mon ami, lui dit-il ? Par quel haſard un homme vient-il ici ? Seigneur, dit Zirphil, je ſuis le page que la fée Lumineuſe vous a promis. Je ſais ce que c’eſt, dit le roi en riant, & en montrant des dents comme celles d’une ſcie : qu’on le mène dans mon ſerrail, & qu’il apprenne à parler à mes écreviſſes. Auſſitôt une troupe de merlans l’entourèrent & le menèrent où le roi l’or-