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La Princesse Camion

donnoit. En repaſſant dans les appartemens, tous les poiſſons, juſqu’aux plus hauts en faveur, lui firent beaucoup d’amitié par ſignes : on lui fit traverſer un jardin délicieux, au bout duquel étoit un pavillon charmant tout de nacre de perle, avec de grandes branches de corail qui ornoient les murailles. Les merlans favoris l’introduiſirent dans un ſallon pareil pour l’ajuſtement, dont les fenêtres donnoient ſur une pièce d’eau magnifique. On lui fit entendre que c’étoit-là ſa demeure ; & après lui avoir montré une petite chambre qui donnoit dans un coin du ſallon, qu’il comprit devoir être la ſienne, ils ſe retirèrent, & il demeura ſeul, fort étonné de ſe voir comme priſonnier chez ſon rival.

Il rêvoit ſur l’état de ſes affaires, lorſqu’il vit ouvrir les portes de ſa chambre, & que dix ou douze mille écreviſſes, conduites par une plus groſſe que les autres, entrèrent & ſe rangèrent ſur des lignes droites, ce qui remplit preſque ſon appartement. Celle qui marchoit à leur tête monta ſur une table qui étoit à côté de lui, & lui dit : Prince, je vous connois, & vous devez beaucoup à mes ſoins ; mais comme il eſt rare de trouver de la reconnoiſſance dans