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La Princesse Camion

qu’elle ne demandoit pour toute grâce, que de n’en être pas témoin.

Les bonnes fées, attendries par la douleur extrême qui régnoit dans la famille royale, ſe parlèrent un peu tout bas ; puis Lumineuſe, qui avoit déjà porté la parole, dit à la reine : conſolez-vous, madame, les malheurs dont on menace Camion ne ſeront pas ſi grands qu’ils ne puiſſent finir heureuſement : car au moment que l’époux que nous lui deſtinons aura obéi à ce que la deſtinée lui ordonnera, elle ſera heureuſe avec lui pour jamais, & la malignité de notre ſœur ne pourra rien, ni ſur elle, ni ſur lui ; c’eſt un prince digne d’elle que nous lui donnerons ; & tout ce que nous pouvons vous dire, c’eſt qu’il faut abſolument que vous deſcendiez tous les matins votre fille dans le puits, & qu’elle s’y baigne pendant une demi-heure. Si vous obſervez exactement cette règle, peut-être évitera-t-elle les maux dont elle eſt menacée, c’eſt à douze ans que ſe doit accomplir cette deſtinée : ſi elle va juſqu’à treize ſans en reſſentir l’effet, il n’y aura plus rien à craindre : voilà pour ce qui la regarde ; pour vous, deſirez, & nous pouvons accomplir vos ſouhaits.

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