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La Princesse Camion.

poiſſons. Un neveu de la fée Marmotte, qu’elles ont établi pour roi, les perſécute avec une cruauté ſans égale ; il les mange pour la moindre faute, & au bout d’un temps, qui m’eſt inconnu, il viendra un prince qui ſera roi à ſa place ; & c’eſt dans ce grand royaume, qui ſera rétabli, que Camion doit trouver tout ſon bonheur. Voilà tout ce que j’en ſais : ce n’eſt pas avoir mal paſſé ſon temps, dit-il en riant, que d’avoir ſu ces choſes-là. Les fées venoient m’inſtruire toutes les nuits, & j’en aurois peut-être ſu davantage, ſi vous m’aviez laiſſé plus long-temps ; mais enfin, je ſuis ravi de vous revoir, & je ne ſais ſi je redeviendrai ſtatue ſitôt, par le plaiſir que j’ai d’être avec vous.

Nous paſſâmes quelque temps le plus heureuſement du monde. Le roi & la reine cependant étoient un peu triſtes quand ils ſongeoient que j’approchois de treize ans. Comme la reine me baignoit avec grand ſoin, elle eſpéroit que la prédiction n’auroit point lieu, mais qui eſt-ce qui peut ſe vanter d’aller contre la deſtinée ? Un matin que la reine étoit déjà levée, & qu’elle cueilloit des fleurs pour parer notre cabane, parce que le roi les aimoit beaucoup ; elle