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La Princesse Camion

vit ſortir de deſſous une plante de tubéreuſe une vilaine bête, faite à-peu-près comme une marmotte ; cette bête ſe jeta ſur elle, & lui mordit le nez ; elle s’évanouit par la douleur que cette morſure lui cauſa, & mon père, au bout d’une heure, ne la voyant pas revenir, la vint chercher. Jugez de ſon étonnement, de la voir preſque morte & toute en ſang ! il fit des cris affreux ; j’allai à ſon ſecours, & nous rapportâmes tous deux la reine encore évanouie, que nous mîmes au lit, & qui fut encore deux heures ſans revenir. Enfin elle commença à donner quelques ſignes de vie, & nous eûmes le plaiſir de la revoir un moment après en très-bonne ſanté hors la douleur de ſa morſure qui la faiſoit beaucoup ſouffrir. Elle demanda d’abord ſi j’avois été me baigner ; mais nous avions été ſi occupés, que je l’avois oublié. Elle en fut bien alarmée ; cependant, voyant qu’il n’en étoit point encore arrivé d’accident, elle ſe raſſura, & nous conta ſon aventure qui nous ſurprit infiniment.

Cependant la journée ſe paſſa ſans autre chagrin ; le roi avoit pris un fuſil, & avoit cherché par-tout la maudite bête, ſans la trouver. Le lendemain, au lever de l’au-

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