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La Princesse Camion

c’étoit ſon malheureux neveu qu’elle m’amenoit ; je fis des cris affreux ; elles s’approchèrent de moi promptement. Mais quand on l’écorchera, dit la vilaine Marmotte, elle ne criera pas plus fort : voyez un peu qu’on lui fait grand mal ! Mon Dieu ! ma ſœur, dit une de ces perſonnes qui étoient venues avec elle, & que je reconnus avec joie pour celles que j’avois vues autrefois dans notre hameau ; laiſſez vos termes d’écorcher, & diſons à Camion ce que nous avons à lui dire. Volontiers, dit Marmotte, mais c’eſt aux conditions que vous ſavez.

La bonne fée, ſans l’écouter ni lui répondre, m’adreſſa alors la parole : Camion, me dit-elle, nous ſommes trop peinées de votre état pour ne pas ſonger à y remédier, d’autant plus que vous ne l’avez pas mérité ; mes ſœurs & moi avons réſolu de l’adoucir de tout notre pouvoir. Voici donc ce que nous avons imaginé. Vous allez être préſentée à la cour du prince que je vous ai deſtiné dès l’enfance ; mais, ma chère enfant, vous n’y paroîtrez point telle que vous êtes, & il vous eſt ordonné de revenir trois fois la ſemaine vous replonger la nuit dans votre cuve : car juſqu’à ce que vous ſoyez mariée… Et écorchée, interrompit en riant comme