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La Princesse Camion

d’en venir à cette cruauté. Enfin, le malheureux mortier parut. Zirphil s’en approcha de bonne grâce, & ſe mit en devoir d’obéir au roi. Le conſeil apporta les écreviſſes en cérémonie, & : le prince les voulut piler ; mais il arriva la même choſe à celles-là que ce qui étoit arrivé aux précédentes dans les offices ; le fond du mortier s’ouvrit, & la flamme les dévora. Le roi & ſes maudits requins s’amusèrent long-temps de ce ſpectacle, & ne s’ennuyaient point de remplir le mortier ; enfin, il n’en reſtoit plus qu’une des quatre mille : elle étoit belle & groſſe à ravir. Le roi ordonna qu’on eſſayat de l’écailler pour voir s’il en pourroit manger quelques-unes ; on la donna à Zirphil pour eſſayer ; il étoit tout tremblant de ce nouveau ſupplice ; mais il le fut bien davantage quand il vit cette pauvre écreviſſe qui joignoit les deux pattes, & les yeux pleins de larmes, qui lui dit ; Hélas ! Zirphil, que vous ai-je fait pour vouloir me faire tant de mal ? Le prince ému par ces mots, & le cœur percé de douleur, la regardoit triſtement : enfin, il prit ſur lui de prier le roi de vouloir bien qu’on la pilât. Le roi jaloux de ſon autorité, & entier dans ſes réſolutions, s’enflamma de colère à cette humble prière, & menaça

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