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La Princesse Camion

vrit, & qu’il en ſortit une petite table couverte de mets excellens ; elle grandit en un moment aſſez pour devenir convenable à celui pour lequel elle étoit deſtinée ; il y trouva tout ce qui pouvoit flatter ſon goût & ſes yeux, tant le repas étoit galamment ordonné ; enfin, rien n’y manquoit, le vin même étoit délicieux. Il en rendit grâce à Lumineuſe ; car quelle autre auroit pu le protéger ſi à propos ? Il mangea, but, & reprit ſes forces. Cela fini, la table perdit ſa forme & rentra dans la bague. Comme il étoit tard, il fit peu de chemin en montant la montagne, & ſe coucha ſous un méchant arbre, qui avoit à peine aſſez de feuilles pour le garantir des injures de l'air. Hélas ! dit-il, en ſe couchant, voilà commme les hommes ſont faits, ils oublient les biens paſſés, & ne ſont ſenſibles qu’au mal préſent ; je donnerois à préſent ma table pour un lit un peu moins dur. Un moment après il ſentit qu il étoit dans un très-bon lit : mais il ne put rien voir y car il ſembloit que l’obſcurité eût redoublé ; c’étoit de bons rideaux qui entouroient ce lit, & : qui le préſervoient du froid & du ſerein. Il s’endormit après avoir remercié encore la bonne & attentive Lumineuſe. À ſon réveil, qui

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